Après trois années de baisse ininterrompue suivies d’une période de stabilisation, l’Indice Argos, qui mesure l’évolution de la valorisation des PME non cotées de la zone euro, enregistre un rebond au troisième trimestre 2024, atteignant 9,5x l’EBITDA. Si cette progression peut sembler de bon augure pour le marché du Private Equity, une analyse approfondie des composantes de l’indice invite à la prudence.
Contrairement à ce que l’on pourrait conclure à première vue, cette augmentation ne reflète pas une hausse uniforme des multiples. En réalité, elle s’explique principalement par une réduction notable de la part des transactions à bas multiples (inférieurs à 7x l’EBITDA), passée à 22 % de l’échantillon contre 31% le trimestre précédent . Cette évolution dans la composition de l’indice a réduit la polarisation extrême observée sur le marché, stabilisant les valorisations à des niveaux intermédiaires.
Cependant, la proportion de transactions aux multiples supérieurs à 15x l’EBITDA reste stable, à 17 %. Cela traduit une persistance des prix élevés pour les actifs de qualité, particulièrement prisés par les fonds d’investissement. Ces derniers, soutenus par une baisse des coûts d’emprunt et un léger assouplissement des conditions financières, continuent de payer des primes importantes pour des cibles stratégiques. Cette tendance témoigne d’une résilience remarquable sur le segment premium, véritable moteur du Private Equity.
Outre les éléments structurels évoqués ci-dessus, des facteurs contextuels ont également favorisé ce rebond de l’indice. On notera :
Malgré ces signaux positifs, les incertitudes géopolitiques et relatives à la faiblesse structurelle de la croissance économique européenne demeurent. Cette embellie repose davantage sur un mix lié à la réduction des transactions à bas prix qu’une véritable dynamique haussière globale. Elle s’appuie sur des bases fragiles et pourrait rapidement être remise en question par un changement des conditions économiques ou des tensions sur les marchés financiers.