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Loi Industrie Verte : un pas vers la démocratisation du Private Equity pour les particuliers

Paul Moreno Blosseville
14/11/2024
Loi Industrie Verte : un pas vers la démocratisation du Private Equity pour les particuliersLoi Industrie Verte : un pas vers la démocratisation du Private Equity pour les particuliers

La loi Industrie Verte incarne une étape importante dans la volonté de rendre le Private Equity plus accessible aux particuliers. Cette législation, entrée en vigueur en octobre 2024, a pour ambition de transformer le paysage économique français, en soutenant les industries « vertes », tout en permettant aux épargnants de bénéficier de la croissance de ces entreprises, même lorsqu’elles sont non cotées.

Parmi les mesures notables de cette loi, on trouve l'obligation pour les compagnies d'assurance-vie et les Plans d'Epargne Retraite (PER) de proposer des profils de gestion pilotée intégrant une proportion prédéfinie d'investissements dans des fonds non cotés, notamment dans le Private Equity. Les profils dits « équilibré » et « dynamique » devront inclure entre 4 et 8 % d’actifs non cotés, selon le profil choisi. Ces mesures visent à favoriser une allocation vers des projets de croissance industrielle durable et à orienter l’épargne des Français vers des entreprises qui sont au cœur de l’économie réelle.

Une diversification pertinente pour les investisseurs particuliers. Au-delà de ses objectifs environnementaux, la loi représente donc un changement majeur dans la manière dont les investissements sont proposés aux épargnants, en particulier dans le secteur du Private Equity.

Pourquoi est-ce une bonne nouvelle pour les particuliers ?

Tout d’abord, cette classe d’actifs a été parmi les plus performantes ces dernières décennies. Les rendements du Private Equity sur des périodes de 10 ans glissants ont systématiquement surpassé ceux des marchés cotés, avec des rendements annuels compris entre 12 et 15 % selon les études annuelles de France Invest.

En outre, investir dans des entreprises non cotées offre une diversification intéressante pour les particuliers. Un fait frappant à cet égard : en France, il existe un ratio de 200 pour 1 entre le nombre de sociétés non cotées générant 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et celles cotées en bourse. Cette proportion montre à quel point les entreprises non cotées, souvent plus agiles et innovantes, sont nombreuses. Les rendre accessible pour les particuliers, leur permet de bénéficier de la croissance de secteurs spécifiques, y compris ceux qui émergent de la transition énergétique.

Enfin, alors qu’on reproche régulièrement aux marchés cotés d’être trop déconnectés de l’économie réelle, ce n’est pas le cas du Private Equity. Une grande partie des investissements en Private Equity finance des entreprises en phase de croissance ou de transformation, contribuant ainsi à l’innovation et à la réindustrialisation.

Prudence face à un nouveau cycle économique

Cependant, malgré les avantages indéniables de cette loi, il est essentiel de faire preuve de prudence. Le marché sort d’un cycle de près de 40 ans de baisse structurelle de l’inflation, un environnement qui a favorisé des conditions financières très favorables pour le Private Equity. Les taux d’intérêt suivaient une tendance baissière, permettant aux fonds d’investir dans des entreprises à des coûts d’emprunt décroissants, conduisant à une appréciation des valorisations des entreprises.

Aujourd’hui, nous entrons dans un nouveau cycle inflationniste, avec des taux d'intérêt qui resteront selon nous élevés, rendant les conditions financières moins favorables. Ce changement de paradigme signifie que les bons fonds de Private Equity d'hier ne seront pas nécessairement les meilleurs demain. Il faut désormais identifier des stratégies adaptées à ce nouveau cycle économique, en ciblant des secteurs résilients et en croissance, ainsi que des entreprises dont la croissance ne dépend pas uniquement de conditions financières favorables.

Ainsi, la sélection des fonds de Private Equity devient un exercice plus complexe. Les particuliers devront être particulièrement attentifs aux styles d’investissement des fonds, en fonction de l’évolution des taux d’intérêt et des dynamiques sectorielles. Il sera crucial de choisir des fonds qui investissent dans des secteurs soutenus par des tendances structurelles comme la démographie, la numérisation de l’économie, la déglobalisation partielle ou la transition énergétique.

Dans ce processus de sélection de fonds, il devient impératif d’évaluer les compétences des sociétés de gestion des fonds, notamment leur capacité à identifier les bonnes opportunités, à accompagner efficacement les projets de croissance des entreprises et à les céder au moment opportun. Ces facteurs deviendront déterminants pour la performance des fonds dans ce nouveau contexte. Le tout doit être soutenu par une expertise forte, qui sera la seule façon de prendre les bonnes décisions dans un environnement plus complexe.

Conclusion : Enthousiasme et prudence

La loi Industrie Verte offre une occasion unique aux particuliers d’investir dans des fonds de Private Equity, d’accéder à des actifs performants, et de participer activement au financement de l’économie réelle. Cependant, ce monde reste complexe, et il est important d’aborder ces nouvelles opportunités avec un enthousiasme mesuré et une vigilance accrue. Les épargnants devront prendre le temps de comprendre les nouveaux enjeux et de choisir les fonds les plus adaptés à ce nouveau cycle économique, pour en tirer pleinement parti.

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